Mer de Glace & Charpoua
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Revenir au jour précédent. 14 septembre 2019 : deuxième jour. Randonnée jusqu'aux rochers des Mottets.


Une belle matinée

Je dormis en pointillés cette nuit-là. Des moments de réveil dont je ne peux estimer la durée alternèrent avec des moments de sommeil. Le lendemain matin, mon cœur avait retrouvé un rythme normal. Debout dès le petit jour, je sortis aussitôt pour profiter du lever du soleil. Le ciel était pur, dégagé. L'aurore s'annonçait en des teintes pastels. Le soleil illuminait encore timidement l'immense cirque de la Mer de Glace, des grandes Jorasses au Mont Blanc. Je fis la seule photo de la journée, toujours à cause de piles déchargées, avant de rentrer.


Le belvédère du refuge de la Charpoua offre un magnifique panorama allant de la dent du Géant au Mont Blanc.

Un grimpeur qui voulait faire une voie dans les Drus avait dormi au sol. Il était déjà parti, laissant son matelas. Un autre matelas abandonné témoignait d'un second départ nocturne. Je rangeai les matelas pour dégager les bancs de la cuisine. Pascal étant levé, nous pûmes prendre notre petit déjeuner avec quelques sachets de café soluble et des gâteaux de riz au lait que, comme chaque fois, nous trouvâmes excellents, tant nous avions l'impression d'avoir un grand sac vide à la place de l'estomac.

Le sentier des balcons

Le refuge de la Charpoua est une impasse, sauf pour les alpinistes, pour qui c'est un tremplin pour l'ascension des Drus. Nous partîmes donc en empruntant le même chemin que la veille, descendant un grand nombre d'échelles pour retrouver la bifurcation menant soit à la Mer de Glace, soit au refuge du Couvercle. Mais, au bout d'un moment, aucune marque de peinture, aucun cairn, ne furent plus visibles. Nous nous arrêtames. Etions-nous déjà perdus ? Non, car, en regardant attentivement au loin, j'aperçus de discrètes et anciennes marques sur un rocher. Pourtant, Pascal ne se souvenait pas être passé là la veille. Tant pis, nous verrions bien ! Peu après, le mystère s'éclaircit : nous venions d'emprunter une partie du sentier des balcons, normalement inaccessible depuis que la Mer de Glace a trop fondu pour permettre de monter aux échelles qui y mènent. Nous arrivâmes peu après à la bifurcation.


L'itinéraire des deuxième et troisième jours, de la Charpoua aux Bois.

Contempler le sublime

La vue y était sublime. Les grandes Jorasses, la dent du Géant, les séracs du glacier du Géant, vus de plus près que la veille, impressionnaient davantage encore ; une pause nous permit d'en profiter plus longtemps. On devinait aussi, sur la gauche, l'aiguille de Triolet. Un promeneur, avec qui nous avions discuté la veille au refuge, nous rejoignit. Je ne l'avais pas aperçu jusque-là, mais il ne devait pas être loin derrière nous. Il nous apprit qu'il n'allait pas au Couvercle, nos chemins se sépareraient là : il descendrait sur la mer de Glace par les échelles par lesquelles nous étions venus. Nous le regardâmes s'éloigner, puis, après nous être imprégnés une dernière fois de la majesté des lieux, nous prîmes le chemin du refuge. C'est un sentier moins difficile que celui menant à la Charpoua.

La traversée de la soif

Une longue et facile traversée conduit, à 2679 mètres d'altitude, au nouveau refuge du Couvercle. La construction en est visible de loin, et, comme bien des refuges récents, on devine, bien avant d'y arriver, un bâtiment en pierre que cachent les parasols, les tables et les bancs d'une terrasse. Un refuge moderne est aussi une buvette et une auberge. Ses rentrées d'argent proviennent plus de l'alimentation, du petit déjeuner, des boissons prises en terrasse l'après-midi, et du repas du soir, que des couchettes. Le refuge traditionnel s'est transformé en hôtel-café-restaurant. Pour qu'une âme d'alpiniste aimant la montagne pour elle-même, et non pour ce qu'on y boit ou mange, apprécie un refuge, elle doit y aller quand il n'est plus gardé, généralement à partir de la fin septembre. Il n'y a alors plus rien à consommer, mais une porte reste toujours ouverte pour permettre aux pratiquants d'y entrer s'abriter pour la nuit. En montagne, une nuit au frais peut être mortelle, elle l'a été dans le passé pour de trop nombreux alpinistes ; aussi, dans ces moments de détresse, le refuge mérite-t-il vraiment son nom. La veille, celui de la Charpoua n'était déjà plus gardé, et aujourd'hui, en nous approchant, nous ne vîmes personne à l'extérieur de celui-ci. Pourtant, les parasols n'étaient pas encore rentrés, et les tables paraissaient attendre les clients. C'était étrange.

La buvette déserte

Le gardien avait l'air très occupé à l'intérieur. Pascal s'y aventura, visitant les lieux, la salle à manger, les dortoirs. Je l'entendis discuter avec le gardien, qui lui expliquait qu'il préparait son départ du lendemain. C'étaient donc ici le dernier jour et la dernière nuit gardée de la saison. Attiré par un robinet que j'apercevais au-dessus d'un lavabo depuis le couloir d'entrée, je me décidai à ôter mes chaussures et à pénétrer plus avant. Grave erreur ! car, en me dirigeant vers le point d'eau pour remplir ma gourde, j'entendis dans mon dos le gardien me reprocher, sur un ton de mauvaise humeur, d'être entré avec mon sac et mon piolet. Il craignait que j'accroche le mobilier en bois, ou les murs. Je le rassurai, et il me laissa terminer. La gourde pleine, je m'empressai de ressortir. Pascal me rejoignit. Il avait vu le chichon qui traînait dans un coin, que je n'avais pas même senti. Abandonnant le gardien à ses rangements, nous nous rechaussâmes pour nous rendre à l'ancien refuge, distant de quelques dizaines de mètres.

Le couvercle de pierre

En le voyant, nous comprîmes immédiatement pourquoi il est appelé refuge du couvercle.


Les Droites 4000m et l' ancien refuge du Couvercle.
Photo de Pascal publiée avec son aimable autorisation. Retrouvez-la ici sur son blog.

Bâti dans un abri naturel formé par l'espace situé entre une gigantesque pierre, tombée là par hasard, et un sol rehaussé par la main de l'homme, il bénéficiait sans nul doute d'un excellent emplacement protégé des chutes de pierres, des avalanches et du vent. Le faible espace disponible n'empêchait pas l'intérieur, refait à neuf depuis peu, d'être chaleureux, accueillant, et étonnamment confortable. Mais l'endroit est petit, d'où la nouvelle bâtisse voisine, plus conforme aux standards actuels des refuges en montagne, et adapté à une fréquentation en hausse avec le développement de l'alpinisme et de la randonnée. De la porte de l'ancien refuge, un pas d'escalade facile nous amena sur la pierre qui forme le fameux couvercle. Elle est presque horizontale. On peut s'y asseoir et poser son sac près de soi, il ne risque pas de glisser, ce qui est pratique pour y prendre de quoi faire un petit repas en contemplant à nouveau, mais d'encore plus près, les grandes Jorasses et la dent du Géant en face de nous et, du côté opposé, vers le nord, le glacier et le jardin de Talèfre, que Pascal me décrivit. Mais, sitôt arrivés, il nous fallut déjà repartir puisque, étant à l'endroit du parcours le plus éloigné des Bois, d'où nous étions partis la veille, un long chemin restait encore à parcourir pour revenir à notre point de départ.

La descente mécanique

Nous devions d'abord remettre les pieds sur la Mer de Glace grâce aux échelles d'accès au Couvercle les plus au sud. Nous n'avions pas le temps d'aller d'ici au jardin de Talèfre et d'en revenir. Nous nous mîmes donc en route pour une descente longue, mais belle et facile, jusqu'aux premières échelles. Je commençai à ressentir une légère fatigue. Etait-elle due à la répétitivité de la marche pendant cette descente ? Je l'ignore. En tout cas, je fus soulagé d'entamer les échelles. Les emprunter à la descente était amusant, et, avec la longe, il n'y avait aucun danger. Reliée au baudrier qui m'entourait les fesses par un absorbeur de choc formé par une sangle plate cousue, elle possédait deux sangles élastiques terminées chacune par un mousqueton. En étant assuré par un mousqueton que j'avais placé au-dessus de moi, je mettais le second mousqueton autour d'un barreau aval de l'échelle, puis je libérais le mousqueton amont, et je recommençais pour progresser vers le bas. J'étais constamment assuré. Les échelles se succédèrent les unes aux autres. Nous avions un rythme répétitif, quasiment mécanique, que nous gardâmes jusqu'aux derniers hectomètres de falaise verticale.

Un pas délicat

C'est alors que nous vîmes un groupe monter vers nous. Seuls sur l'itinéraire, nous n'avions eu jusqu'alors aucun problème de croisement à gérer. Notre chance nous avait abandonnés. Il allait falloir gérer le croisement de deux groupes progressant en sens contraire dans la paroi. Par une malheureuse coïncidence, nous étions dans une partie de la falaise où il n'y avait plus d'échelle, probablement emportée par une chute de rochers, mais une corde et des marches en fer scellées dans le roc. Le passage était délicat. Je m'arrêtai sur une marche formée par la roche dans une cheminée, pendant que Pascal, en contrebas, réussissait à descendre un peu, avant de s'arrêter lui aussi. Je ne pouvais le rejoindre sans prendre un risque. Le premier du groupe montant arriva au niveau de Pascal. Comment pouvions-nous nous croiser ? En appui sur cette marche, je me collai contre la paroi. Ne risquant plus rien, j'observai mon environnement. Il y avait une marche en acier implantée dans la falaise à ma droite, à la hauteur de mes épaules. Il me vint une idée : si seulement on pouvait se servir de ce point solide comme d'un anneau. Mais oui ! Eurêka ! Je demandai au groupe d'attendre, le temps que je vérifie la validité de mon idée, en leur disant que si le test que je m'apprêtai à faire était concluant, nous pourrions tous franchir ce passage exposé en étant assurés. Je fis un pas à droite, je tendis la main, doigt du mousqueton ouvert, et je le plaçai autour d'une des deux barres horizontales de la marche, entre les deux plaques qui y étaient soudées. Oui, l'espace entre les deux plaques était suffisant pour que le mousqueton passe. J'expliquai au groupe, en parlant fortement et nettement pour que mon explication soit entendue, où et comment placer un de leurs mousquetons sur cette marche pour s'y assurer, puis je me calai contre le rocher et les laissai passer. Enfin, je m'en servis moi-même et finis par sortir, assuré par ma longe, puis par la corde, de ce pas délicat. Je m'étais fait une belle frayeur ! En montagne, un simple concours de malchance peut provoquer un enchaînement de problèmes qui conduisent à un drame : un pas qui glisse, une corde trop courte, un dérapage sur de la glace, un croisement sans possibilité de s'assurer, ...

Le supplice de Tantale

Encore quelques échelles, une corde et un petit saut, et nous retrouvâmes le glacier que nous avions quitté la veille. Le soleil, implacable à cette heure de la journée, rayonnait intensément. J'avais chaud et soif. Evidemment, c'était paradoxal, car nous étions sur une grande quantité d'eau. Nous marchions sur de l'eau solide, un gigantesque glaçon. Mais cela ne nous servait pas à grand-chose. J'en fis part à Pascal, qui m'assura que rien n'était plus facile que de trouver rapidement de l'eau. Je le suivis et, en effet, nous fûmes bientôt devant l'un des moulins qui parcouraient le glacier. Nous remplîmes nos gourdes et bûmes tout notre saoul, ce qui balaya notre fatigue et nous redonna le sourire.

Les dents de la Mer

J'interrogeai alors mon ami sur ses intentions. Il me semblait que le moment était venu de rejoindre le Montenvers. Il avait une autre envie, celle de se rapprocher du glacier du Géant et des échelles d'accès au refuge du Requin. Pour cela, nous devions remonter le glacier en nous dirigeant vers l'ouest. Nous nous rapprochâmes tout d'abord du pied de l'Aiguille du Géant, quand un obstacle imprévu se présenta à nous, un moulin au pied d'une butte de glace verticale, assez large pour être difficile à enjamber, mais pas assez pour nous faire rebrousser chemin. Pascal longea le cours d'eau pour trouver l'endroit le plus facile à traverser, s'arrêta, planta fort son piolet loin et haut sur la butte, et parvint, en tirant sur le piolet, à y grimper. A mon tour ! J'hésitai, j'essayai une fois, deux fois, sans succès. Il me vint alors une idée. Je revins en arrière, là où j'avais repéré une pierre au milieu du moulin. Je pensai y prendre appui pour sauter de l'autre côté, la hauteur étant ici plus faible. Mal m'en prit, car je glissai en posant une chaussure sur la pierre. Mon pied se retrouva un court instant dans l'eau glacée. Je passai, et le relevai aussitôt, mais il était déjà trop tard. De l'eau à la température à peine positive avait pénétré dans la chaussure. Même si elle était étanche à la pluie, cette étanchéité n'était pas totale. Ma chaussette était maintenant humide. Mais, comme j'avais tout de même réussi à passer de l'autre côté du moulin, je rejoignis Pascal. Il me reprocha de ne pas l'avoir suivi. Je n'étais pas assez acrobate, et je commençai à être envahi par une lassitude qui limitait mon envie de faire des exploits physiques. Nous reprîmes notre chemin en obliquant vers l'autre versant du glacier, mais notre progression, facile au début quand nous avions posé le pied sur la Mer, devint de plus en plus difficile. Nous nous trouvions dans une partie du glacier vallonnée et recouverte de pierres qui nous ralentissaient et m'obligeaient à regarder où je marchais.


De quoi s'amuser au milieu de ces éboulis instables, En arrière plan les Séracs et Glacier du Géant (partie supérieure de la Mer de Glace).
Photo publiée avec l'aimable autorisation de Pascal. Retrouvez-la ici sur son blog.

Pascal prit de plus en plus d'avance, et, obligé de m'arrêter régulièrement pour lever les yeux et le chercher, je ne pouvais le rattraper. L'heure tourna. Pascal devint inquiet. Nous n'avions plus le temps de suivre son projet. Alors, il décida enfin de retourner au Montenvers.

Un demi-tour trop tardif

Tant pis, nous ne verrions pas de près les séracs du Géant, mais je fus soulagé. Cela faisait trop pour une seule journée. Nous redescendîmes vers les Praz. La marche devint rapidement facile sur un terrain presque plat, mais le Montenvers était encore loin. Le soleil était déjà plus bas sur l'horizon, la luminosité, moins forte qu'au Couvercle, avait déjà bien diminué. Il était temps de rentrer. Nous marchions vite en restant à droite sur la Mer de Glace, si bien qu'au bout d'un moment nous aperçûmes les nombreuses échelles de jonction avec la plate-forme du Montenvers. Seul, je serais rentré par le Montenvers, et non par les Mottets, me remémorant la mésaventure que nous avait comptée la serveuse de la buvette, cela me semblait plus sûr. Ne dit-on pas que prudence est mère de sûreté ? J'interrogeai Pascal. Il voulait rejoindre l'extrémité du glacier, puis les Mottets, et enfin les Bois. Cela ne m'enthousiasmait pas, j'étais conscient qu'il y avait un risque, et je sentis que Pascal l'était aussi. Probablement devait-il se dire que nous devrions retrouver le sentier de la buvette avant la nuit en marchant vite, et que, ayant déjà pris ce même chemin à l'aller, nous devrions le retrouver au retour.

Don Quichotte et son moulin

En descendant encore, nous voyions au loin la grotte touristique, sa remontée mécanique, les escaliers qui y mènent, et les toiles blanches étendues sur la glace pour en retarder la fonte en réfléchissant les rayons du soleil. Pour aller au Montenvers ou aux Mottets, nous devions d'abord franchir dans l'autre sens le moulin que nous avions eu un peu de mal à traverser à l'aller. Nous cherchâmes le meilleur endroit pour cela. Pascal repéra ce qui lui sembla le passage le moins raide, car, voulant marcher vite, nous n'avions pas mis de crampons à nos chaussures. Ce n'était pas nécessaire, car, d'une part la glace n'était pas pure, mais incrustée de petits fragments de roche qui accrochaient nos semelles, et, d'autre part, elle était fondue en surface par la chaleur du soleil. Mais le chariot du soleil avançait bien vite dans sa course, et cette surface se resolidifiait maintenant en formant une pellicule lisse et glissante. Pascal n'était pas en confiance. Il décida de s'arrêter pour mettre les crampons. Je me sentais à l'aise, je n'avais pas dérapé une seule fois, j'avais confiance dans mes semelles en Vibram. Ne l'écoutant pas, je filai vers le côté, afin de descendre au bord du cours d'eau en faisant une courbe en s pour diminuer la pente. J'eus à peine fait quelques mètres que Pascal m'interpella. Il me croyait imprudent, et me demanda de renoncer. Après tout, peut-être avait-il raison, il serait idiot de prendre des risques inutiles. Je fis demi-tour, je le rejoignis et je sortis mes crampons du sac. Ces mini crampons sont pratiques, faciles à mettre, mais ils n'ont pas de pointes à l'avant. On ne peut s'en servir ni pour escalader une paroi glacée verticale, ni pour marcher sur des rochers, car ils sont plus fins et fragiles que de vrais crampons. Ils sont parfaits pour marcher sur la glace en pente douce. Le temps que je les mette, Pascal était déjà en bas. Il traversa le moulin sans problème. Je le regardai attentivement avant de le suivre. De l'autre côté du moulin se trouvait une petite butte qu'il fallut monter, mais cela s'avéra facile. Don Quichotte et Sancho Panza étaient passés de l'autre côté du moulin.

La Mer montre sa langue


La langue terminale du glacier.
Photo publiée avec l'aimable autorisation de Pascal. Retrouvez-la ici sur son blog.

Nous pouvions enlever nos crampons. Mais ces manœuvres nécessaires nous prirent encore du temps. La luminosité baissait. Le glacier n'était plus du tout éclairé par le soleil. La marche à venir était pourtant encore longue. Pour reprendre l'itinéraire de l'aller en sens inverse, il nous fallait nous rabattre sur notre droite, contre le versant est de la Mer de Glace, où se trouve le passage que nous avions facilement trouvé la veille, puis, après avoir franchi une grande butte faite d'un mélange d'éboulis, de terre, de cailloux et de glace, retraverser à l'ouest pour retrouver le sentier des Mottets. Sur ce terrain accidenté, nous marchions difficilement, mais nous passions cette difficulté en nous pressant, car le crépuscule commençait à tomber. Enfin, alors que j'étais bien fatigué de cette longue journée et des efforts à faire pour rester concentré en marchant vite sur un terrain chaotique, nous vîmes un mât de trois mètres de haut dont la base était ancrée dans un gros rocher. Nous devrions à présent quitter enfin le glacier pour remonter par un sentier facile vers la buvette tant convoitée.

Avalés par l'obscurité

Il faisait presque nuit. Nous ne voyions plus assez bien où se trouvait précisément le sentier. Il y avait bien un bâton, mais aucune marque de peinture, ni sur les rochers, ni sur les arbres environnants ; où diable le chemin se trouvait-il ? Nous sortîmes nos lampes frontales de nos sacs et les allumâmes. C'est en repartant à cet instant précis que nous fîmes une erreur aux sérieuses conséquences.

L'erreur est humaine

Au lieu de suivre le sentier qui montait, que nous ne vîmes pas alors qu'il était sous nos yeux, nous continuâmes plus bas. Puis, ayant trop avancé, nous cherchâmes à remonter. Cela semblait facile au début, mais bientôt notre itinéraire devint plus abrupt. Il y eut de plus en plus de broussailles. Elles nous étrillaient, tandis que des rochers de plus en plus gros nous faisaient obstacle. Enfin, Pascal, parti en avant, revint vers moi, annonçant qu'il avait rencontré plus haut une barrière rocheuse infranchissable. Persuadés d'avoir fait un mauvais choix lorsque nous étions au mât, nous fîmes demi-tour et partîmes à sa recherche. La nuit n'était pas encore totale. La faible lumière résiduelle du crépuscule nous permit de le rejoindre, mais cette tentative nous prit cependant encore un peu de temps. Nous restâmes près du mât un moment, hésitant sur la direction à suivre, sans apercevoir aucun indice matériel de l'emplacement du sentier. Pensant que nous avions remonté la pente trop tôt, nous repartîmes sur ce que nous croyions toujours, mais à tort, être le sentier, en continuant plus longtemps sur la même courbe de niveau. C'est ainsi que, à notre grande surprise, nous débouchâmes sur une clairière à l'entrée d'un petit tunnel. Je crus que nous étions sauvés.

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